Interview de Vincent Bonhomme
Une philosophie de travail
Vincent Bonhomme, cela fait déjà plus de 9 ans que vous avez initié le salon « Jardin d’art et de coiffure » à Montréal où se côtoient à la fois des services de coiffure, des expositions d’artistes et des concerts de musique. Étant donné l’originalité de votre concept qui évolue de surcroît dans un environnement de jardin, j’ai envie de vous demander quel en est le bilan ?
Vincent Bonhomme : Je crois que le fait d’avoir eu l’audace de créer un concept de salon qui me ressemble et qui correspond à une vision particulière que j’ai du métier a largement contribué au succès de mon projet. À mon avis, être à l’écoute de ses convictions profondes est toujours un gage de réussite. Alors je crois que c’est là le plus beau bilan que je puisse faire !
Le salon Jardin d’art et de coiffure s’inscrit dans une démarche visant à utiliser des produits capillaires entièrement naturels… Vous voulez bien nous parler de la gamme de produits avec laquelle vous travaillez ?
VB : Il s’agit en effet la gamme Marcapar qui est distribuée en France dans environ 500 salons depuis une quizaine d’années et au Québec, depuis peu. Les salons sont labellisés sous la bannière «Les cuisiniers du cheveu» qui forme un réseau de professionnels de la coiffure engagés dans l’utilisation de produits non chimiques. En effet, ce sont des produits 100% naturels. Cela faisait déjà un certain temps que je cherchais des produits entièrement biologiques et je suis heureux de pouvoir offrir ce service aujourd’hui. Outre des shampooings et des masques tinctoriaux, la gamme propose des huiles végétales, des coiffants et des complexes d’huiles essentielles. Mais les produits phare de la gamme Marcapar sont les colorations 100% végétales. Elles sont sans PEG, sans oxydation, sans paraphénylène diamine, sans parabènes, sans ammoniaque.
Que des plantes et au résultat, une qualité de cheveux incroyable !
Jardin d’art et de coiffure est aussi un centre de formation professionnel …
VB : Oui, depuis plus d’un an, la compagnie Marcapar m’a chargé de l’importation et de la distribution des produits Marcapar pour le Québec. Je m’occupe de la formation professionnelle des coiffeuses et coiffeurs qui désirent rejoindre le réseau «Les cuisiniers du cheveu». La formation de deux jours permet à ces professionnels de devenir experts en coloration végétale et de travailler avec les produits Marcapar.
Depuis peu, le jardin d’art s’est agrandi, racontez-nous …
VB : J’ai eu l’opportunité d’annexer le local à côté du salon et d’offrir ainsi plus d’espace et de confort à la clientèle. Le nouveau local est principalement voué à la coloration végétale. Un comptoir a été créé pour faciliter les préparations de nos recettes de colorations : le label « Les cuisiniers du cheveu » prend tout son sens ! Le nouvel espace est plus adapté également aux formations professionnelles que nous proposons.
Autre nouveauté au salon, une salle de relaxation, appelée «salle du silence». C’est un espace insonorisé et très épuré. Il y a deux chaises longues qui sont offertes aux clientes qui voudraient profiter de prendre un temps de silence ou de relaxation durant le temps de pose des colorations végétales, avec vue sur un mandala tibétain. Nous offrons aussi un programme de méditations guidées durant le temps de pose des colorations végétales. Ce concept est unique !
Dans ce même espace de, nous proposons, sur fauteuil, des massages et soins du cuir chevelu aux huiles essentielles et aux huiles végétales : il s’agit du massage traditionnel indonésien Pijat Kepala.
Cependant, je vois que le salon reste à dimension humaine …
VB : Oui, exactement ! Vous l’avez dit : à dimension humaine. Et c’est bien là une caractéristique du salon que je m’efforce de préserver. De nos jours, on a tendance à dépersonnaliser les salons de coiffure pour en faire des « usines à cheveux » dont la vocation est avant tout de faire des profits et de produire à grande échelle.
Ici, au Jardin d’art, on est davantage dans la Slow coiffure !!
Les convictions profondes qui vous animent sont de replacer l’individu an centre de votre métier n’est-ce pas ?
VB : Oui, mon expérience dans la coiffure me laisse croire que le plus important des acteurs dans un salon de coiffure, c’est la cliente, ou le client. La coiffeuse ou le coiffeur doit s’effacer tant le dans le verbal que dans l’apparence physique pour faire toute la place aux clients, et ce, peu importe leur âge et leur style.
Faire preuve de professionnalisme et de sagesse pour un coiffeur, c’est pouvoir s’effacer devant son hôte et tout mettre en œuvre pour lui permettre d’exister tel qu’il est, dans sa vraie nature.
Accueillir, en toute simplicité.
Là, on parle du rapport humain mais vous attachez aussi beaucoup d’importance au lieu ?
VB : Oui, tout est lié.
Le fait que la clientèle se retrouve dans un environnement chaleureux, convivial, calme et apaisé favorise cette attention particulière. Et quoi de mieux qu’une ambiance de jardin pour évoquer le calme et l’apaisement ? Je suis sensible à un environnement chaleureux et le jardin a toutes ces vertus. Qui plus est, dans un jardin, on se sent chez soi.
C’est sans doute pour cette raison qu’on se sent à l’aise d’y parler de son jardin intérieur !
Cette vision très humaniste du métier de coiffeur est vraiment importante pour vous. C’est un contre-pied à la réputation superficielle et hautaine souvent associée au monde de la coiffure et de la mode ?
VB : Non, ce n’est pas un contre-pied, davantage une complémentarité ! C’est une vision plus avant-gardiste du métier et qui est beaucoup plus valorisante. Elle remplace le coiffeur producteur par l’artisan coiffeur. Reprendre racine dans la tradition pour mieux s’ouvrir à l’avenir avec une vision plus sociale du métier. Selon moi, il s’agit d’une évolution adaptée à notre société contemporaine où les gens sont de plus en plus à la recherche d’un service personnalisé. Et je crois sincèrement que c’est faire preuve d’éthique professionnelle que d’agir ainsi puisque le rôle du coiffeur est de répondre aux besoins de sa clientèle. J’ai la chance de faire un métier qui, modestement, peut contribuer à refaire cette connexion avec notre intériorité.
Je mets tout en œuvre pour créer une « tête » à son image !
Et pourquoi cette orientation « verte » ?
VB : Je crois vraiment que nous allons vers une consommation responsable. Nous avons de plus en plus conscience du danger de certains composants de produits capillaires synthétiqu es. La science est au service de l’industrie des cosmétiques et paradoxalement, elle nous permet aussi d’avoir suffisamment de données pour rendre suspicieuse l’utilisation des produits chimiques que nous consommons et de leurs effets sur l’organisme et l’environnement. Travailler avec des produits naturels comme Marcapar est un extraordinaire confort pour les professionnels et pour la clientèle. C’est l’avenir de la coiffure … et le nôtre !
Par ailleurs, cela fait plus de 7 ans que le salon Jardin d’art et de coiffure remplit deux autres missions : les expositions de peintures et les soirées musicales. Quel en est le bilan ?
VB : Une vingtaine d’artistes majoritairement montréalais ont exposé. De la peinture figurative en passant par des œuvres abstraites, des bijoux, de la photographie. Toute forme d’expression est bienvenue ! Pour ce qui concerne les soirées musicales, le salon va bientôt fêter son 39e concert. Une programmation très éclectique, pour tous les goûts et toujours dans la bonne humeur et la convivialité !
Finalement, encore une occasion de rencontres ?
VB : Oui, c’est très important pour moi de créer du lien social dans un espace comme le jardin d’art. Je souhaite qu’il soit une sorte de jardin communautaire !
Que les gens qui y entrent se sentent comme chez eux.
On a la chance de vivre à Montréal dans une merveilleuse ville ouverte sur toutes les cultures. J’aime l’idée d’un salon de coiffure d’échanges, d’idées, d’ouverture, de rencontres…
Et le plus important pour moi, c’est de prendre soin des autres, comme si chacun était un espace précieux à rendre davantage vivant.